ma petite bonne femme, mon moi

"Mon moi"?! V'là qu'elle commence à faire dans le délire philosophique... Je vous rassure, mon manque de connaissances en la matière aidant, cette introspection sera des plus légères!

Cette petite bonne femme, comme je l'appelle, a été façonnée par ma tante, Inès. C'était l'été 2002, à la campagne chez ma grand mère et j'étais enceinte de Salomé. Le cadre, les circonstances ont très probablement leur importance dans mon ressenti pour cette statuette. Aurait-elle été achetée dans une boutique quelconque, créée par des mains inconnues, sans que je connaisse son histoire, que mon regard sur elle serait différent.

Cette petite bonne femme, c'était juste un exercice pour ma tante. Histoire de se faire la main. Elle n'avait pas d'avenir sinon celui d'être probablement recyclée pour une autre oeuvre. Mais l'ayant vu grandir au fil des jours, je me suis attachée à elle et j'ai timidement demandée si je pouvais l'"adopter". "On verrait..."

Et je l'ai reçu quelques mois après, à l'occasion de mon anniversaire. Un anniversaire pas comme les autres: celui de mes 30 ans (pas anodin dans la tête d'une femme!) et à quelques semaines de mettre au monde ce bébé qui avait été désiré si longtemps (toujours l'importance des circonstances...).

Depuis, ma bonne femme reste toujours près de moi. Je pose sur elle un regard empli de tendresse et d'émotion. Je m'identifie beaucoup à elle. Un jour, je me dis que j'aimerais lui ressembler, avoir moi aussi des gestes empreints d'une telle féminité. Il y a tant de délicatesse, de fragilité, mais une fragilité non vulnérable. Un autre jour, je pense qu'elle est moi, que je suis elle. Que son regard un peu mélancolique est le mien les jours de doute. Et ce regard me donne l'impulsion pour continuer, pour aller de l'avant. Et puis, les formes de son corps sont celles que j'imagine être les miennes, avec leurs imperfections, mais également avec leur douceur, de sorte que mon regard sur mon propre corps s'en trouve radouci.

Cette petite bonne femme, c'est un de ces cadeaux précieux qui font partie intégrante de votre vie et dont on ne saurait plus se séparer.

               

Comments

[cycy]

très émouvant ton récit, tu écris vraiment très bien.

[mes serins]

Oui, c'est vrai on se parle peu: dans des villes distantes ou dans des pays différents, de mon côté souvent occupée avec ma petite marmaille, entre biberons et jeux à quatre pattes, pas toujours l'occasion de confier les petits secrets de la vie... Mais tu vois, cette petite bonne femme fait que nous ne sommes pas si éloignées finalement! Merci!
Grosses bises.

[inès]

Un peu déprime ce soir, pas en forme, je décide d'aller me rafraîchir dans ton blog... (pas lu depuis "la mer c'est un peu comme la bière...") et je tombe sur la petite dame statue, ce que tu racontes sur elle et toi, et c'est un choc, une émotion de surprise, de joie... je n'avais pas senti jusqu'ici à quel point cette petite dame t'était chère, on se dit si peu les choses... cela m'a fait du bien, et je t'en remercie.
J'ai bien sûr continué ma lecture, découvert votre nouvelle maison, tes progrès en couture, les fêtes qui se succèdent à l'école des filles, les photos des enfants. L'ensemble me donne l'impression que tu es plus heureuse, plus détendue, plus en phase avec toi-même que depuis longtemps, et cela me fait grand plaisir. J'apprécie, aussi, ta façon d'écrire (le récit de votre journée en amoureux notamment) à la fois légère, imagée, spirituelle et tendre.
Continue, pour notre plaisir et le tien, pour ne rien perdre de cette expérience brésilienne et nous la faire partager.
Je vous embrasse tendrement tous les cinq.
Inès