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MES SERINS
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27 juin 2008

L'aventure au coin de la rue (tome 3): vouloir changer des ampoules et se transformer en quasi-délinquante

Lorsque nous nous sommes installés dans notre nouvelle maison, je me suis dit que c'était le moment pour adhérer désormais au tout "ampoule à économie d'énergie". C'est bon pour la terre et pour notre portefeuille, c'est super! Jusqu'à maintenant, on ne trouvait de ces ampoules que celles renvoyant des couleurs blafardes et cauchemardesques. En plus, ils appelaient ça "lumière du jour". A croire que le gars qui les confectionnait n'avait jamais mis le nez dehors! Mais désormais, on en trouve qui s'appelle "lumière jaune". Moins poétique, mais plus chaleureux!

J'ai envoyé mon petit mari faire des emplettes au supermarché de bricolage du coin... là où je ne mets moi même jamais les pieds tellement ils sont incompétents (testé et confirmé!). Mais mon mari a le sens du sacrifice! Tant d'abnégation pour sauver notre planète...

A son retour, je crois comprendre qu'il n'a pas trouvé les "lumières jaunes". Et là, je suis pleine de compréhension, parce que le rayon luminaire fait environ 200m2 avec les 110v, les 220v, les gros et petits culots, les ampoules à incandescence, les néons, les couleurs blanches, les roses et les bleus pour faire la fête, celles à énergie solaire... bref, un vrai roman. Et je me dis que moi aussi je suis une femme dévouée et que c'est pas grave, je vais aller les changer ces ampoules!

Me voilà donc à l'accueil du magasin, là où je pensais que non, non, non, on ne me reverrait jamais! Je patiente environ une quinzaine de minutes avant qu'une employée s'intéresse à moi. Ca fait un an et demi que nous habitons au Brésil, et ça maintenant, j'ai l'habitude. Je fais comme les autres: j'attends comme si je n'avais rien d'autre à faire (c'est meilleur pour la tension, je l'ai constaté!). J’explique à la jeune femme que je souhaite échanger mes ampoules « lumière du jour » contre des « lumière jaune »… c’est tout. Elle prend mon ticket, mon sac avec les ampoules et me demandent mon CPF (un numéro d’identification attribué à chaque résident du Brésil sans lequel vous n’êtes rien, le néant !). Comme je n’ai pas ma carte sur moi et que je sens que ça va coincer à cause de ça, je lui fais le coup de l’étrangère qui vient juste d’arriver et qui ne l’a pas encore, le CPF (pas envie de refaire 40 km juste pour une formalité administrative !). Les bras lui en tombent ! « Ah mais, ça ne va pas être possible alors ! ». Je m’étonne ouvertement qu’elle ait besoin de mon CPF juste pour échanger des ampoules. Je ne veux pas souscrire un crédit non plus ! Il paraît que c’est la faute au gouvernement qui exige qu’on suive la trace de ce genre de transaction (comme si j’allais blanchir de l’argent sale !). En France, la CNIL les auraient déjà épinglés pour moins que ça ! L’employée appelle son responsable, qui lui dit d’appeler le gérant, qui lui dit d’appeler le directeur… pas de solution ! Là, je vous épargne les palabres qui s’éternisent pendant une bonne vingtaine de minutes. Finalement, un client indiscret mais gentil me propose d’utiliser son propre numéro. Sympa !

Je peux enfin aller chercher mes ampoules. Après plusieurs minutes de prospection au rayon « ampoules » avec un vendeur qui doit encore s’éclairer à la bougie, je finis par trouver mon bonheur. Je me dirige vers la caisse avec mon « laisser passer » délivré antérieurement. « Merci Madame. Signer ici, svp. Quel est votre numéro de RG ? » Alors le RG, c’est encore un autre numéro d’identification, un truc encore plus sérieux ! Là, je crois rêver. J’explique, de nouveau, que je suis étrangère, que je n’ai pas de documents, que j’ai déjà tout expliqué à la collègue, là, que je voudrais juste changer des ampoules et que maintenant CA FAIT UNE HEURE QUE JE SUIS LA !!! « Ah mais non, il faut que je demande à ma supérieure ! » Vous le croirez ou pas, n’empêche qu’elle a réussi à trouver un chef qui n’avait pas encore été sollicité dans cette histoire. Et moi, comme une cruche, j’étais à la caisse à regarder mon sac en plastique avec mes ampoules dedans qui me faisaient de l’œil en me narguant et à me dire que finalement, l’aller retour pour chercher mes cartes, j’aurais largement eu le temps de le faire !

Et puis là, je ne sais pas ce qui m’a pris, mon sang n’a fait qu’un tour. J’en ai eu marre. Marre d’être celle qui la ferme pour ne pas faire de vagues, celle qui reste bien sagement dans les rails, celle qui est tellement intégrée qu’elle suit le troupeau sans broncher. Un an et demi que je m'adapte, que je patiente, que je poireaute, que je « zenifie ». Je crois que je me suis prise un peu pour une indomptable ! J’ai pris le sac dans un mouvement grandiose et j’ai dit à la caissière : « Là, ça suffit. Je prends mes ampoules. Et vous pouvez bien appeler votre responsable ! » Je devais être écarlate, parce qu’au Brésil c’est vraiment pas le genre de choses qu’on fait… mais tellement soulagée ! En repassant devant le magasin avec la voiture, j’ai vu que les vendeurs étaient tous sortis pour me regarder partir. Vous imaginez comme je me sentais une super rebelle !

Et vous savez la meilleure ? C’est qu’en plus, j’avais mal compris : les ampoules qu’Edouard avait achetées, c’était bien des « lumière jaune ».

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Commentaires
M
Tien, en me promenant sur ton blog, des mois après je découvre un commentaire d'Edouard. <br /> Moi qui croyais qu'il ne lisait pas ton blog...<br /> Qu'est-ce le SERASA et le CPF?? Une instance de surveillance banquaire???
T
Si ça se trouve le mec qui t'a passé son CPF il est fiché au SERASA maintenant et il peut plus rioen acheter... T'es vache.
M
C'est trop drôle comme tu décris la situation de l'intégration et l'éclat qui montre un ASSEZ! <br /> C'était peut-être mal placé et la chute de l'histoire le montre. mais que la personne, qui a fait l'effort de s'intégrer dans un nouveau pays, te jette la première pierre! <br /> J'adore cette nouvelle aventure brésilienne et tu la racontes avec beaucoup d'humour!<br /> J'attends, avec impatience, la suite à Paris!!!
C
Génial, on s'y croirait !!!!<br /> J'imagine la tête des caissières !
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