Déjeuner en paix
Si je vous dit: "un resto assez chic avec trois jeunes enfants dont un bébé survolté"...?
Vous avez des palpitations, des sueurs froides et vous me répondez: "une cure de vitamines, un valium, des nerfs d'acier et une semaine de farniente pour récupérer!!!".
Haha! Sauf que vous n'êtes pas au Brésil!
Parce qu'au Brésil, le restaurant avec des enfants, c'est trop fastoche!
Déjà, vous arrivez, Monsieur et Madame, vous avez droit à un sourire poli. Si des enfants se pointent derrière: aaah, le sourire s'illumine et on sent l'enthousiasme sincère (non, non, c'est pas des blagues! Oubliez ce que vous connaissez en France!).
Les serveurs s'empressent autour de vous: Vous allez être aux petits oignons! Une chaise haute? Mais bien sûr, il y en a une dizaine. Un seul menu enfant pour deux? Sans hésitation. D'ailleurs souvent ils ne paient même pas.
Et je vous ai cité le resto chic pour augmenter la teneur en frissons, mais c'est valable dans tous les restaurants.
On trouve une pièce à part pour changer le bébé et parfois même une salle de jeux avec nounous pour occuper les plus grands pendant que papa et maman mangent tranquillement.
Et pourquoi ça? Parce qu'au Brésil, l'enfant est considéré comme tel. Un petit être en devenir qui a des besoins spécifiques, et non un mini-adulte dont on exige qu'il se comporte parfaitement. En acceptant les spécifités de l'enfant au lieu de se battre contre elles, les Brésiliens évitent une grande perte d'énergie et une cohabitation bien plus sereine où l'enfant fait partie intégrante de la société et n'est pas repoussé loin des adultes qu'il dérange.
Et voilà pourquoi aujourd'hui, alors que Marin traînait dans les pattes des serveurs (sans qu'ils leur viennent à l'esprit de s'en sentir incommodés), l'un d'eux a choisi de s'occuper de lui, le guidant jusque dans les cuisines qui l'intrigaient. Les serveurs pouvaient continuer tranquillement à servir, les parents à manger, Marin à vaquer à ses occupations et le serveur-nounou à sortir un peu de son train-train...
Attention, je ne viens pas prôner ici la permissivité excessive ni l'absence de limites dans l'éducation des enfants (ce qu'on rencontre fréquemment ici!), mais plutôt le plaisir de cohabiter en harmonie. J'ai toujours du mal avec les regards de travers et les réflexions acides lorsqu'on se déplace avec de petits enfants en France...