Chers enfants

Un billet lu ici, une maman qui "perd" deux de ses filles dans des circonstances dramatiques*, une amie qui m'apprend qu'elle a rompu tout lien avec sa mère... Tout ceci me renvoie la complexité, et la cruauté aussi parfois, des liens entre des parents et leurs enfants.
En tant que mère, j'ai été amenée à réfléchir à la fragilité du lien qui nous unit à nos enfants. Et pourtant, je m'étonne encore de ces familles déchirées, de ces parents à qui ont refusent de voir leurs petits-enfants, à ces enfants à qui on n'adresse plus la parole.

Je sais bien qu'en tant que fille de mes parents, j'ai parfois besoin de laisser un espace entre eux et moi. Mon enfance n'a pas été un long fleuve tranquille, mais ils m'ont accommpagnée comme ils ont pu, avec des erreurs aussi sûrement. A leur façon, ils m'ont donné les forces et les armes nécessaires pour partir voler de mes propres ailes.  Désormais, j'ai besoin de sentir que je suis devenue cette adulte grâce à eux, mais que je suis surtout une entité propre, que je suis sortie de ce cercle pour créer le mien. Pour autant, les liens ne s'estompent pas. A moi aussi de savoir doser, savoir offrir et prendre sans envahir, sans me laisser dévorer. Ce n'est pas toujours aisé.

Mais que ressentent nos parents? Nous élevons nos enfants avec nos tripes. Nous pensons parfois étouffer tant l'amour pour eux est grand, infiniment. Etouffer aussi parfois parce que pour eux on laisse un peu de côté cette entité "soi" qu'on s'est pourtant efforcé à définir, à construite, à sauvegarder.
On trébuche, on se remet en question, on tente de s'améliorer, tout en prenant bien garde de ne pas les étouffer, de leur laisser l'espace pour, qu'à leur tour, ils développent leur propre personnalité, distincte, autonome.
Il n'est pas question de les garder pour nous, nos enfants, pas question d'entraver leurs ailes. Mais est-il envisageable, acceptable pour une mère, un père de se voir refuser son amour? De se voir rejeter tout à fait même si des erreurs ont pu être commises?

Quel délicat équilibre, quel dosage infinitésimal...

*deux filles de Silvia sont parties suite aux événements qui ont bouleversés la famille

Comments

[vio et chris]

c est vrai qu elle est chouette cette photo!

[Mamike]

et surtout, quelle belle photo de vous cinq! Elle respire le bonheur!!

[Mamike]

Vivre avec des parents "parfaits" empêche de se découvrir pleinement par peur de ne pas être à la hauteur. C'est tragique! Le bonheur sera absent toute la vie quand on n'a pas appris à faire face au malheur et de le combattre pour en ressortir plus fort, puis tourner la page.
Nous regrettons nos erreurs qui sont pourtant inévitables, mais je pense sincèrement que le face à face parents-enfants, aussi dans le conflit, est nécessaire pour le développement sein de l'enfant, afin de le préparer à prendre sa place dans le monde, car qui peut mieux pardonner et se faire pardonner que les parents qui aiment leur enfant?

[Anne]

Des erreurs on en fait tous et toutes et heureusement que nos parents en ont fait: quelle pression que de vivre dans l'ombre de parents parfaits! (je parle bien sûr de toutes ces petites erreurs pleines d'amour, pas des violences bien évidemment)